Dans la lignée de la conférence des métiers de l'accompagnement social et médico-social de février dernier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) s'est penché sur les problématiques d'avenir des professionnels de la cohésion sociale. Il en ressort un avis engagé avec vingt préconisations permettant de répondre à la situation dramatique dans laquelle le secteur se trouve. L'avis a été validé ce 12 juillet en séance plénière à l'unanimité des 122 votants sous des applaudissements fournis. On peut signaler que certaines de ses recommandations figuraient dans le livre vert remis au printemps au Gouvernement par Mathieu Klein, président du Haut Conseil du travail social (HCTS) mais le Cese va plus loin et démontre qu'il ne s'agit pas d'un simple problème d'attractivité mais d'une crise profonde du travail de la cohésion sociale. Alors que les professionnels de l'action sociale assurent un filet de protection représentant "bien souvent une dernière présence auprès des publics vulnérables quand le service public recule", que leurs actions permettent à des millions de personnes de recouvrer leurs droits dans une société plus inclusive", qu'ils connaissent aujourd'hui une crise de sens, un déficit d'attractivité et aussi une dégradation de leurs conditions de travail, que ces métiers sont exigeants et difficiles, épuisants psychiquement, le manque de professionnels empêche concrètement de construire une société accueillante pour les plus vulnérables.
Face à cette réalité alarmante, la commission Travail et Emploi a donc été plus loin qu'un simple avis et décidé de rendre un rapport. Le Cese écrit : "C'est tout une communauté de vie et de travail qui ressent cette pression sur les temps consacrés à la relation aux personnes accompagnées, un temps pourtant fondamental à la réalisation de ce travail, mais dont la réduction apparaît chronique et systématique."
Les vingt préconisations pour changer la donne :
- réinvestir et revaloriser les salaires tant dans le secteur privé que public ; - abroger des dispositions permettant la non-opposabilité des conventions collectives ; - lancer une campagne de recrutements et de formation en alternance ; - renforcer la capacité d'alerte des espaces de concertation et des comités sociaux et économiques (CSE) ; - soutenir une campagne de communication sur le sens et l'éthique des métiers du social ; - favoriser une meilleure prise en compte du temps d'accompagnement en supprimant toute limitation restrictive ; - élaborer et renforcer des ratios de personnels ; - considérer tous les temps de travail comme productifs ; - associer les familles et les usagers au fonctionnement des accueils collectifs de mineurs (ACM) et des structures d'animation de la vie locale ; - développer le dialogue social et les espaces de concertation ; - soutenir la représentation professionnelle à la gouvernance d'une association de l'économie sociale et solidaire ; - transformer la culture de l'évaluation ; - simplifier les modes de financement pour les opérateurs ; - réinventer la contractualisation pour les opérateurs ; - adopter une loi de programmation pluriannuelle ; - défendre un pilotage décloisonné pour une stratégie d'investissement social ; - développer des instruments de connaissance et d'expérimentation ; - renforcer le rôle du HCTS et de ses déclinaisons locales ; - actualiser et harmoniser les référentiels de certification et de formation ; - investir dans la formation continue.
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